Bienvenue à Ingrandes - Le Fresne sur Loire

Ingrandes-Le Fresne sur Loire est une commune nouvelle depuis le 1er janvier 2016 créée par la fusion d’Ingrandes en Maine et Loire vieille de plus de 11 siècles et Le Fresne sur Loire, en Loire Atlantique, commune existante depuis 1903 par scission de l’ancienne paroisse de Montrelais.

 

La création de la commune nouvelle a nécessité une modification des frontières entre les deux départements.

 

 

ORIGINE et ETYMOLOGIE du nom de la COMMUNE :

Le nom d’Ingrandes vient sans nul doute du celtique « Equoranda » qui signifie « frontière juste » ou « juridiquement établie par un accord ou un traité ».

Certains érudits du Moyen Age, ayant oublié les langues celtiques mais possédant parfaitement le Latin, ont voulu y voir une origine latine et ont sans doute reconstruit à cette époque l’étymologie « Ingressus Andium », qui signifiait « Entrée sur le territoire des Andes » ou Andécaves, tribu celtique occupant les territoires situés à l’Ouest d’Ingrandes jusqu’à Angers, tandis que la tribu des Namnètes occupait la partie à l’Est d’Ingrandes. C’est en tout cas cette étymologie que l’on retrouve dans tous les écrits savants entre les 8ème et 15ème siècles, avant que certains intellectuels ne la remettent en cause à partir des 16ème et 17ème siècles, notamment par l’intermédiaire de Gilles MENAGE qui, dans son « Histoire de Sablé » publiée en 1683, émet déjà de sérieux doutes sur cette étymologie latine reconstruite.

A noter qu’Ingrandes s’écrivait « Ingrande » sans « s » jusqu’à la Révolution où elle a pris son orthographe actuelle : « Ingrandes »

Quant au Fresne, dont le nom provient de l’ancienne Rue du Fresne qui prolongeait vers la Bretagne la Paroisse d’Ingrandes, il est très probable que son nom et celui de la rue s’expliquaient par la présence d’un ou plusieurs arbres remarquables.

   

LE HAUT MOYEN AGE :

Quoi qu’il en soit, il apparait clairement à travers l’une ou l’autre étymologie, qu’Ingrandes a toujours joué un rôle de Ville Frontière qui fut d’ailleurs matérialisé jusqu’à la Révolution par une pierre levée que l’on appelait la « Pierre de Bretagne » ou plus souvent la « Pierre d’Ingrandes » (« Petra Ingrandi ») qui avait sans doute été érigée dès le 5ème siècle avant JC par les deux tribus celtiques mentionnées plus haut lorsqu’elles se sont mises d’accord sur la répartition de leurs territoires respectifs.

C’est ce rôle qu’elle joua encore lorsqu’en Septembre 851, Charles le Chauve et les Bretons d’Erispoé décidèrent de signer le Traité d’Angers délimitant les frontières du futur Duché de Bretagne, en fixant à Ingrandes la frontière avec les territoires de Charles le Chauve, attributaire de la Francie Occidentale selon les termes du Traité de Verdun en 843.

Compte tenu de sa situation privilégiée sur la Loire à un endroit où celle-ci forme un coude à 100°, Ingrandes fut très vite considéré comme un lieu stratégique, jouant à la fois un rôle de poste avancé destiné à prévenir les incursions bretonnes, mais aussi comme un lieu particulièrement bien adapté à la perception des fructueux doits de péages exigés par les seigneurs locaux.

Un tel péage est à coup sur attesté depuis au moins la prise de pouvoir des Robertiens sur le Comté d’Anjou au 9ème siècle qui en font dès lors un élément majeur de leur stratégie politique et fiscale à compter de cette date.

  

La Maison de CHANTOCE (1000 à 1100) :

Dès le 11ème siècle (probablement entre 1050 et 1070), on y établit une église et un château (plus probablement une simple motte castrale en bois au tout début), autour desquels se construit la petite cité d’Ingrandes déjà réputée pour ses marchés abondamment approvisionnés en marchandises par la Loire, et très fréquentés depuis le Haut Moyen Age.

Le château et son église dépendent à cette époque des seigneurs de Chantocé, où ils se sont construit quelques années auparavant, un château où réside la famille de Chantocé, notamment Hugues de Chantocé, qui désigne alors comme son vassal et possesseur du château d’Ingrande, Urvoi puis Brient d’Ingrandes, puis les remplace, sans doute suite à une trahison, par les LEBORGNE en la personne éminente de Garin LEBORGNE, mentionné en 1107 comme seigneur et possesseur du château d’Ingrande,

La Maison de CRAON (1100 – 1437) :

En 1100 Hugues de Chantocé marie sa fille Tiphaine et Chantocé, dite aussi  l’Anguille, dame de Chantocé et d’Ingrande,  avec Maurice 1er de CRAON, ce qui place désormais Ingrande et Chantocé dans l’orbite de la maison DE CRAON, et ceci pour plusieurs siècles.

A noter toutefois que durant la minorité de Maurice V, Charles 1er d’Anjou en avait profité pour lui racheter à bon prix le fief d’Ingrande sur Loire et son péage particulièrement rémunérateur, que son fils Charles II finira par lui rétrocéder officiellement en 1290, ce qui créera une parenthèse de 25 années dans la possession d’Ingrande par la Famille de CRAON.

Lorsqu’en 1290 Maurice V de CRAON reprend possession d’Ingrande, celle-ci se présente alors comme une petite cité d’à peine une centaine d’habitants, regroupée autour de son église et de son château, et vivant de l’activité soutenue de ses tisserands, de son marché aux chevaux, de son arrière pays très prospère, et bien sur des revenus conséquents tirés de son péage sur la Loire.

La Guerre de Cent ans qui ravage la vallée de la Loire jusqu’à Angers et Saumur, conduit à la destruction et à l’incendie du château d’Ingrande par les Anglais en 1400.

Après la mort en 1415 de Marie de CRAON,  fille de Jean de CRAON, c’est son fils Gilles DE RAIS qui hérite des terres de Chantocé et d’Ingrande. Celui-ci, ruiné, finit par vendre en 1437 toutes ses terres et possessions dont Ingrande, au Duc de Bretagne Jean V, par ailleurs allié intermittent des Anglais, ce qui ne peut que susciter l’hostilité du Roi de France qui s’oppose à cette cession qu’il avait interdite.

C’est Louis XI qui fera finalement le nécessaire pour mettre fin à la domination des Ducs de Bretagne sur ces territoires qu’il considère comme appartenant de plein droit à son Royaume.

En 1468, il mènera ainsi plusieurs expéditions militaires qui aboutiront à la destruction et au démantèlement des châteaux de Chantocé et d’Ingrande, ou du moins de ce qui restait de ce dernier très partiellement reconstruit sous la forme d’un simple donjon. Il parviendra ainsi à contraindre François II de Bretagne à signer à la fin de cette même année le Traité d’Ancenis qui mettra fin à l’alliance scellée par le duché de Bretagne avec les Anglais contre le Roi de France dans le cadre de la « Ligue du Bien Public ».

La maison d’AVAUGOUR (1485 – 1704) :

Finalement, en 1486 Charles VII acceptera dans le cadre d’un accord plus global avec le Duché de Bretagne, d’attribuer officiellement la propriété des terres d’Ingrande et Chantocé, non plus au Duc de Bretagne, mais à François 1er d’Avaugour, simple bâtard des Ducs de Bretagne, et très clairement vassal du Roi de France.

C’est alors les Barons d’Avaugour qui deviennent seigneurs et Barons d’Ingrande pour plusieurs siècles.

Dès cette époque, Ingrande est dotée d’un important Grenier à Sel qui approvisionne les habitants de la région en sel surtaxé pat l’Impôt de Gabelle particulièrement élevé en pays d’Anjou.

La différence considérable entre les prix du sel en Bretagne (exemptée de Gabelle) et en Anjou (Province de Haute Gabelle), conduit nécessairement à une intense activité de trafic de sel (faux saunage) entre l’Anjou et la Bretagne, Ingrande constituant alors la frontière entre ces deux zones particulièrement hétérogènes fiscalement.

Cela se traduit par l’établissement d’un Tribunal de la Gabelle, ainsi que de prisons destinées à retenir les faux sauniers en attente de leur jugement à Ingrande ou à Saumur pour les cas les plus graves.

La population d’Ingrande augmente alors considérablement dès cette époque, en lien avec l’établissement du personnel nécessaire au fonctionnement de ces nouvelles institutions, puis de la Ferme Royale, chargée de récupérer pour le Roi les taxes appliquées non seulement sur le sel mais aussi tous les autres droits (péages, Droits de Cloison, Droit de Boète, Trépas de Loire, Traites Foraines et Domaniales) perçus sur la plupart des marchandises à Ingrande, principal point d’entrée dans le Royaume de France par cette voie de communication essentielle que constitue la Loire.

On peut ainsi considérer qu’environ 80 Personnes sont dès cette époque employées directement à ces fonctions, soit pas moins de 250 personnes vivant directement ou indirectement de cette activité si l’on inclut leurs familles.

Par ailleurs, le commerce avec les colonies américaines se développant rapidement, le Port et la Douane d’Ingrande voient passer un nombre toujours plus grand de bateaux chargés des marchandises les plus diverses, avec les marchands et les équipages qui les accompagnent. Ce qui conduit à la multiplication dans la ville d’Ingrande, d’Auberges destinées à les accueillir et les restaurer : Le Pigeon, le Grand Louis, le Lion d’Or, l’Ecu de France, la Croix de Lorraine, le Chapeau Rouge, la Croix Verte, les Trois Barbots, toutes Auberges créées en l’espace d’à peine un siècle.   

La maison d’ESTREES (1704 – 1749) :

A la mort de Claude II d’Avaugour en 1699, s’élèvent cependant plusieurs contestations entre ses héritiers potentiels quant à sa succession.

L’affaire est finalement tranchée par un décrêt de Louis XIV du 28 Juillet 1704 qui ordonne aux héritiers et aux enfants de Claude d’Avaugour de laisser se réaliser la vente des seigneuries de Chantocé et d’Ingrande aux conditions de l’adjudication décrétée au profit de Madame Madeleine Diane de BAUTRU, Veuve de François Annibal d’ESTREES, Duc et Pair de France. La Décision fut entérinée par un Arrêt du Parlement de Paris en date du 30 Décembre 1704, mettant fin à la domination des Barons d’Avaugour sur Ingrande.

Et à compter de cette date, c’est donc la Duchesse d’Estrées, aussi Comtesse de SERRANT, qui sera Baronne d’Ingrande jusqu’à ce qu’elle se décide à revendre en 1749 toutes ses propriétés angevines à une famille de riches armateurs d’origine irlandaise : les WALSH

Les WALSH (1749 – 1789) :

Ces derniers en la personne d’Antoine WALSH, de Jacques, puis d’Antoine Philippe WALSH possèderont à la fois le château de SERRANT et les terres de Chantocé et d’Ingrande jusqu’à la Révolution.

En hommes d’affaires avisés, ils cherchent alors à exploiter toutes les potentialités de la Cité d’Ingrande en s’appuyant notamment sur ces « Voituriers par eau », marchands rapidement enrichis par le transport des marchandises et le commerce Loire.

Afin de renforcer encore l’attractivité commerciale de la place d’Ingrande, ils construisent même à leurs frais en 1752 de nouvelles Halles en dur, et obtiennent du Roi en contrepartie de pouvoir tenir 2 Foires supplémentaires annuelles en plus des deux qui existaient de toute éternité, comme celle de la Saint Matthieu, connue depuis le Moyen Age.

Enfin pour faire face à l’afflux de nouveaux résidents, de visiteurs et de marchands, l’église d’Ingrande est sensiblement rénovée et agrandie en 1743. Et de beaux et grands bâtiments, dont certains sont encore visibles aujourd’hui, remplacent les vieilles demeures basses et sombres des siècles précédents.

En 1755 s’établit sur l’emplacement de l’ancien cimetière d’Ingrande, la Verrerie Royale d’Ingrande, utilisant le sable de Loire et le charbon extrait des Mines de Montrelais situées à proximité. Dans les années 1800, période de sa pleine activité, elle parait avoir occupé jusqu’à 400 ouvriers, pour la plupart étrangers à la commune, employés le plus souvent sur des contrats temporaires et saisonniers, car il semble bien que la production se soit concentrée sur une période limitée à 4 ou 6 mois dans l’année. Elle finit par disparaitre vers 1830, concurrencée par des sites mieux situés et disposant d’un charbon de meilleure qualité, pour être finalement remplacée par une raffinerie de sucre à betteraves qui fonctionnera seulement une dizaine d’années.

Durant la Révolution, la ville d’Ingrandes, comme beaucoup des grandes villes de la région, constituera un bastion républicain dans un territoire rural plutôt acquis aux idées vendéennes. Ce qui l’amènera même à s’entourer de fortifications afin de se protéger des incursions vendéennes et royalistes.

En 1792 la Pierre de Bretagne qui matérialisait la frontière entre la Bretagne et l’Anjou est vendue aux enchères avant d’être détruite comme symbole de l’Ancien Régime.
C’est la fin des anciennes Provinces et de cette frontière essentielle qui séparait la Bretagne du reste du Royaume et justifiait le rôle éminent d’Ingrande comme poste frontière et de douane où étaient contraints de s’arrêter les chalands chargés de marchandises et leurs équipages.
C’est donc aussi pour Ingrandes la fin du passage obligé de ces marins et marchands, jusqu’ici obligés de faire étape dans son Port et ses Auberges avant d’être autorisés à repartir une fois les droits payés sur leurs marchandises, mais c’est aussi la disparition de toute cette population pléthorique employée par l’Administration de la Gabelle et la Ferme du Roy, précédemment chargée de contrôler et taxer les cargaisons avant leur entrée dans le Royaume de France.
Cela aboutit nécessairement à une forte diminution à la fois de la population de la cité et de l’activité économique d’Ingrandes dans ces années difficiles qui suivent la Révolution.

Ingrande (devenue Ingrandes) est alors rattachée en 1790 au nouveau département de « Mayenne et Loire », devenu rapidement « Maine et Loire ».

Après de multiples hésitations, au moment de la constitution de ces nouveaux départements, la partie bretonne constituée par la Rue du Fresne se trouve alors artificiellement rattachée à Montrelais et donc incluse dans le nouveau département de Loire Inférieure, aboutissant ainsi paradoxalement à pérenniser cette ancienne frontière Anjou – Bretagne que la Révolution se proposait d’abolir.

Pendant le même temps, la marine à vapeur remplace la marine à voile, rendant moins nécessaire l’arrêt à Ingrandes pour y attendre un changement de vent.
Puis en 1851 c’est le chemin de fer arrive dans la cité, sonnant définitivement le glas du transport par la voie fluviale.

En 1868, est construit le pont suspendu sur la Loire qui redonne une certaine attractivité à la cité d’Ingrandes. Avec ses 545 mètres, il est l’un des plus longs ponts suspendus sur la Loire. Il sera détruit par les troupes françaises en Juin 1940 dans l’espoir de ralentir l’invasion allemande, puis sera à nouveau détruit par les bombardements alliés d’Août 1944, avec malheureusement une partie du village et de l’église.

LES SEQUELLES DE LA GUERRE 1939 – 1945 :

En 1944, un bombardement mal ajusté des alliés visant le pont, détruit en même temps 25 maisons du centre ville situées à proximité de la Loire, ainsi que la vieille église qui datait de 1743.
La reconstruction de celle-ci, dans un style résolument moderne, ne sera achevée qu’en 1956, sous l’égide de l’architecte LE SENECHAL, agrémentée de magnifiques vitraux modernes exécutés dans les ateliers du Maitre Verrier Gabriel LOIRE à Chartres. Elle est aujourd’hui classée comme Monument remarquable et labellisée « Patrimoine du 20ème siècle ».

 

           

2016 : LA COMMUNE NOUVELLE : INGRANDES LE FRESNE sur Loire :

En 2016, les communes d’Ingrandes et du Fresne sur Loire conviennent de mettre fin à une situation paradoxale qui créait une séparation artificielle entre Ingrandes et la commune du Fresne sur Loire créée seulement en 1903, et qui n’était à l’origine qu’une prolongation d’Ingrandes par la Rue du Fresne en territoire breton. Ils décident alors de fusionner les deux communes sœurs, obligeant ainsi à modifier les frontières des deux départements de Loire Atlantique et du Maine et Loire.
Cela donne naissance à la Commune Nouvelle dénommée : Ingrandes Le Fresne sur Loire, qui compte désormais plus de 2700 habitants.

Les deux communes ne forment désormais qu’une seule agglomération et de nombreux services sont communs : service d’eau, terrains de sport, maison de retraite … et c’est donc tout naturellement que la fusion devait se faire malgré l’obstacle de l’appartenance à deux départements, obstacle levé par le Conseil d’Etat fin décembre 2015.

  

 

SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES


Elodie PAPIN  : Les Origines du Château et de la Seigneurie  de CHAMPTOCE sur Loire – Mémoire de Master - 2008.


Jean-Pierre BRUNTERC’H :
« Une famille des confins de l'Anjou et du Nantais aux XIe et XIIe siècles : les Le Borgne ». Actes du Congrès d'Ancenis. Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, 1999, 77, 5

 

Fabrice LACHAUD : Thèse « La structure familiale des Craon du XIe siècle à 1415 : le concept lignager en question. Thèse de doctorat en Histoire médiévale, Bordeaux 3, 2012

 

Jean-Louis BEAU : Revue de l’ARRA N° 31 de 2016 : Article intitulé « Ingrandes à la fin du 13ème siècle » - p 19 à 34 de la Revue N° 31.

 

Jean-Louis BEAU : « INGRANDES, petit village des bords de Loire entre Anjou et Bretagne -Du Moyen Age à la Révolution ». Editions du PETIT PAVE – Juin 2014

 

Jean-Louis BEAU : « Histoire des Péages de Loire à travers l’exemple d’Ingrande » Edité par l’Association Tourisme, Culture et Patrimoine – Juillet 2020

 

 


François LAYS (1758 – 1831) : Chanteur d’Opéra très célèbre sous Marie Antoinette, la Révolution et l’Empire. Il se retire à Ingrandes 5 ans avant sa mort pour y décéder en 1831.


Joseph Etienne RENOU (1740 – 1809) : Chirurgien et Botaniste, ami de Parmentier, et fondateur du Museum d’Histoire Naturelle d’Angers

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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